Le système ferroviaire américain, un réseau mis à mal par la concurrence de la voiture individuelle
Le
système ferroviaire le plus avancé aux Amériques est définitivement
celui des États-Unis, bien que son niveau ne soit pas celui d’autres
pays développés comme le Japon, l’Allemagne ou la France, la faute en
partie à l’importance prise par la voiture. A l’inverse, les réseaux
ferroviaires fonctionnels sont plus rares en Amérique du Sud, où l’on
trouve plusieurs cas, qui vont du circuit ferroviaire principalement
touristique (Pérou), très limité (Bolivie) ou quasiment absent
(Argentine et dans une moindre mesure Brésil, qui possède
quasi-uniquement un système ferroviaire commercial et très peu de lignes
voyageurs). Le bus est définitivement le principal moyen de transport
en Amérique du Sud, quand les voitures individuelles le sont aux
États-Unis.
Le système
ferroviaire américain est très développé et son dessin est
majoritairement issu de la seconde révolution industrielle, qui a permis
la construction de rails qui permettaient de rejoindre les différentes
côtes et les principales villes du pays. Lors de mon parcours, j’ai
ainsi eu l’occasion, entre autres, de suivre deux lignes principales :
celle qui lie Los Angeles à Chicago, puis Chicago à la Nouvelle-Orléans.
Il faut toutefois souligné que la superficie du pays et l’absence de
ligne à grande vitesse encourage la plupart des voyageurs à prendre
l’avion plutôt que le train (environ 3 jours de voyage) pour réaliser ce
type de trajets. Les tarifs des trains sont équivalents aux tarifs
pratiqués en France par la SNCF. Tous les trains aux États-Unis, hormis
quelques exceptions (la plus notable étant la liaison Los
Angeles — Nouvelle Orléans), circulent au moins une fois par jour sur
chaque trajet.
Il est
possible de réserver tous les trajets normaux — sont exclus les trajets
spéciaux et touristiques gérés par des compagnies privées — sur le site
internet amtrak.net et également via leur application mobile. Les
différents trains offrent souvent de nombreuses équipements et services.
Les plus courants sont une voiture-restaurant, des voitures
panoramiques permettant d’admirer les paysages, des sièges inclinables
en première classe, des points d’observation qui signalent aux voyageurs
les éléments touristiques à observer depuis le trains, des “dining
cars” gérés notamment par Pullmann Resort qui offrent des repas étoilés.
Sur les trains touristiques gérés par des compagnies privées, il arrive
souvent que des animations aient lieu : par exemple pour le train du
Grand Canyon, un spectacle “western” avait lieu puis qui ne continuait
durant le trajet sous la forme d’un concert, d’une fausse attaque de
train, etc.
Au niveau de
l’organisation ferroviaire, il est facile de se rendre compte que le
poids de la voiture individuelle est beaucoup plus important que celui
du train, notamment parce que certaines grandes villes (comme San
Francisco) ou des lieux touristiques majeurs (Yosemite) ne sont pas
directement desservis par rail mais la compagnie ferroviaire Amtrak met
en place un système de bus utilisant les gares routières existantes pour
pouvoir offrir ces destinations à ses voyageurs.
Il
peut également être intéressant de se doter d’un Amtrak Rail Pass
permettant de voyager à des tarifs plus intéressants, pour peu qu’on
réalise un certain volume de trajets durant le temps imparti. Il faut
toutefois noter que le système de pass américain est beaucoup moins
intéressant depuis 2008 : en effet, le nombre de voyages que l’on peut
réaliser n’est plus illimité sur une période de temps donnée mais on
“achète” un certain nombre de trajets (8, 12 ou 18) que l’on peut
réaliser au maximum. Cette limitation est à l’origine d’erreurs que font
de nombreux touristes.
Au Pérou, un réseau ferroviaire dual, entre liaisons touristiques et usages locaux
S’il
existe certains trains touristiques aux États-Unis, la majorité du
système ferroviaire péruvien est plutôt destiné aux circuits
touristiques, quand la majorité des péruviens utilisent le système de
bus, plutôt fiable mais surtout bien moins cher et qui lui, dessert tout
le pays.
J’ai eu l’occasion
durant ce parcours de prendre le principal train touristique mis en
place au Pérou, celui permettant d’accéder au Maccu Picchu (que j’ai
pris en sens retour). L’inverse, quand ma seconde partie du parcours,
vers Puno, aurait pu être réalisée par train, le tarif de ce train
considéré comme “luxueux” était rédhibitoire (200 dollars environ) alors
que le même trajet en bus revient à moins de 20 dollars. Ceci est
détaillé dans la première partie.
Le
système ferroviaire péruvien est divisé en deux réseaux différents, le
réseau nord et le réseau sud. Le réseau sud est le plus avancé et
véritablement destiné à des usages touristiques, permettant entre autres
de rejoindre le Maccu Picchu et le Lac Titicaca, à la frontière
bolivienne. Il existe deux compagnies péruviennes sur le réseau,
PeruRail et IncaRail.
Le réseau ferroviaire bolivien, un réseau limité par manque de maintenance
Enfin,
dernier exemple de la situation ferroviaire sud-américaine, la Bolivie
et un système plus que limité, dont la maintenance n’a pas été la
priorité par les différents gouvernements et dont les trajets possibles
ne sont pas nombreux. Le réseau ferroviaire bolivien est lui divisé
entre deux compagnies qui se partagent l’est (Ferrovia Oriental) et
l’ouest du pays (FCA). Le réseau occidental permet de rejoindre les
principaux points touristiques du pays mais n’est pas uniquement utilisé
par des touristes : de nombreux boliviens utilisent le train comme
moyen de transport fiable et abordable, notamment pour ceux qui
travaillent dans les pays frontaliers, qu’il s’agisse de l’Argentine ou
du Chili.
L’organisation
spatiale du réseau ferroviaire bolivien est ainsi gérée de manière
bicéphale, les deux principaux hubs brésiliens étant Sucre (capitale
constitutionnelle du pays) à l’ouest et Santa Cruz à l’est. Ainsi, le
manque de maintenance du pays a par exemple conduit Sucre à fermer sa
gare car les rails n’étaient plus utilisables dans aucune des
directions, bien que toutes les lignes soient sensées y mener. Santa
Cruz est ainsi la seule ville d’importance en Bolivie avec une gare
fonctionnelle, toutes les autres sont des villes avec une importance
restreinte.