Une ambition européenne

L’ambition européenne d’établir un espace ferroviaire unique date depuis les années 1980 et le début du déclin du rail face aux premières lignes internationale aériennes accessibles et le développement de la société de consommation qui confie à chaque ménage sa propre voiture.

Or, l’importance des infrastructures développées n’a pu qu’encourager les gouvernements à tout faire pour les préserver et ne pas les laisser à l’abandon. La commission s’est alors attelée à redynamiser le secteur en travaillant notamment sur les financements sur la maintenance des infrastructures, à abattre les obstacles à la concurrence (qui a donné ses premiers fruits lors des dernières années) afin de travailler à la constitution d’un espace ferroviaire unique et connecté européen.

Alors que les rails sont généralement les monopoles naturels des États membres (en raison notamment de l’importance des investissements réalisés), les coups de butoir de la Commission en faveur de plus que concurrence et l’ouverture des frontières a conduit les États à travailler — encore aujourd’hui — sur la mise en place de lignes internationales et d’offres à destination d’entreprises comme des voyageurs pour simplifier les démarches. Là encore, le transport international de marchandises a été la priorité des gouvernants afin de suivre les recommandations de l’établissement d’un marché unique européen, quand les innovations ferroviaires n’ont pas suivi l’établissement de la zone de Schengen et la mise en œuvre de la libre circulation des personnes en Europe, pourtant l’un des principes fondamentaux de l’Union Européenne. La recherche de ce principe n’interviendra que plus tard.

Les pays européens ont néanmoins eu un avantage certain lors de l’établissement de ces liaisons intervalles, à savoir que les constructeurs européens (Alsthom, Siemens, etc.) figurent parmi les leaders mondiaux de l’industrie des transports. L’intérêt sur ce mode de transport ne s’est jamais démenti, même ces dernières années, notamment en raison des nombreux avantages qu’il comporte : bilan énergétique positif, mode de transport durable, vecteur d’aménagement majeur des territoires, fluidification du trafic sur les autres modes de transport, vitrine technologique pour les entreprises européennes. Les enjeux économiques, écologiques et territoriaux sont donc majeurs et vraisemblablement intégrés par les instances de l’Union Européenne.

L’ouverture à la concurrence et la naissance des liaisons internationales

En 2001, l’ouverture du secteur ferroviaire à la concurrence par la publication de trois directives européennes permet d’envisager un renouvellement des structures existantes, qu’elles soient industrielles ou économiques et surtout d’envisager la construction de nouvelles lignes et de nouveaux services.

Il est possible d’obtenir sur le site Eurail une carte détaillant tous les principaux trajets ferroviaires en Europe avec de nombreuses liaisons internationales existantes, en plus de celles que j’ai eu l’occasion d’emprunter lors de ce voyage (France -> Allemagne en ICE avec DeutcheBahn/SNCF ; Allemagne -> Autriche avec Deutsche- Bahn; Autriche -> République Tchèque -> Pologne avec OBB/PKP; Estonie -> Russie avec Go Rail). Les autres principales compagnies offrant des liaisons interna- tionales sont Eurostar (France/UK/Belgique), Thalys (France/Belgique/Pays-Bas), Lyria (France/Suisse), SNCF (France/Italie/Espagne), Altria (Espagne/Portugal), Czech Railway (République Tchèque/Allemagne), ACP Rail (Suède/Norvège/Finlande) et la principale compagnie ferroviaire européenne, à partir de laquelle il est théoriquement possible de réserver des billets pour n’importe quel trajet en Europe, DBBahn (Allemagne/France/Pologne/Pays-Bas/République Tchèque/Autriche).

Enfin, il est également possible d’acheter, pour les résidents européens, un Pass InterRail, qui permet d’avoir le droit, pour une durée limitée, d’emprunter de manière illimitée les trains du réseau affilié — cela exclue néanmoins certaines nouvelles compagnies low-cost récemment apparues, telle que la compagnie west en Autriche, empruntée dans le cadre de mon parcours pour rejoindre Salzbourg depuis Vienne. Le programme InterRail date de 1972, quand les premières compagnies des principaux pays européens ont commencé à travailler à l’élaboration d’un espace européen du rail unifié. Aujourd’hui, le programme s’est étoffé et est accessible à n’importe quel résident. Pour les non-résidents, le programme correspondant est le programme Eurail.